Arro
Petite localité de la Cinarca et appartenant au bassin versant du bas du Liamone, Arro s’étend modestement sur 8,8 km² et comptent 74 habitants au dernier recensement de
2016. Situé à 450 m d’altitude, il est entouré par les communes d’Ambiegna, de Sari-d’Orcino et d’Arbori, elle est proche du parc naturel régional de Corse. Le village
s’illustre au cœur d’un paysage d’oliviers et de châtaigniers.
Arro est un avant tout une commune issue d’une implantation médiévale. Et à l’époque, un événement historique ayant aussi considérablement marqué Arro et sa région a été la
guerre des Cinarchesi. Pendant la période moyenâgeuse, la cité de Pise avait la mainmise sur la Corse, ce qui permit de réactiver les échanges et le développement des activités
agropastorales.
Dans le courant du XIIe siècle, une nouvelle géographie politique se met en place, qui voit l’île être divisée en une trentaine de seigneuries. La région passe alors entre les mains de la famille des Cinarchesi, du nom de leur château éponyme : Cinarca. Et autour d’eux gravite un réseau d’une dizaine de places fortes. Ces « castelli » permettent ainsi de défendre comme d’attaquer, en vue d’obtenir un contrôle rapproché des terres et des hommes.
Et à partir du XVe siècle, 5 familles de seigneurs dominèrent alors la noblesse du sud de l’île : les della Rocca, les Istria, les Ornano, les Bozzi et les Leca. Et toutes, revendiquèrent comme ancêtre commun Cinarca. Ainsi, bien que parents, ils devinrent tous rivaux, chacun cherchant à soumettre les autres à son autorité. Le maintien de cette structure seigneuriale explique le terme de « Terra dei signori » appliqué au sud, par opposition au nord (terra del Comune), qui a adopté un système communal, sous l’autorité directe de Gênes.
À la fin du XVe siècle, l’Office de Saint-Georges, soucieux d’imposer son autorité à l’ensemble de l’île, décide de soumettre ou de détruire ces seigneuries lors des « guerres
cinarchesi ». Le village sera alors déserté après la répression et brûlé par les Génois pour avoir pris parti dans la lutte que Jean-Paul de Leca menait contre eux. Ainsi, à partir du XVIe siècle, les Cinarchesi restent des familles influentes, mais ne constituent plus un pouvoir indépendant.
Comme toutes les communautés de la région, sa population décroît au début de l’époque moderne. Mais après une période de déclin, la commune connaît depuis quelques années
un renouveau avec l'installation de bergers et d'artisans et d'une entreprise audiovisuelle (Studio Savelli). Les habitants de la commune vivent dans des maisons de granit rose construites à flanc de colline, à la fin d’une route d’accès spectaculaire dévoilant les sommets et la vallée du Liamone.