PAESE DI CHIATRA
Village ancien et pittoresque, Chiatra est un des plus vieux villages de Corse.
Le mont Oppido, d’où la vue sur la plaine littorale est exceptionnelle, était jadis un point stratégique car on voyait jusqu’à l’étang de Diane proche d’Aléria. C’est pourquoi les Romains, dans le souci de protéger Aleria, y avaient établi un oppidum. Il est mentionné par Ptolémée dans sa carte de Corse sous le nom de « castrum d’Opinum ».
La commune de Chiatra se situe sur le rebord sud-est du massif de la Castagniccia, à environ 5 kilomètres au sud de Cervione à vol d’oiseau, et 20 kilomètres au nord d’Aléria.
Le village est installé sur une arête séparant l’Alesani (en corse Alisgiani), au nord, de son affluent le Picchio (Picchju) au sud. Cette arête, d’orientation sud-ouest – nord-est, descend du Monte Sant’Appiano (alt. 1093 à la Punta di a Campana) et se termine à l’est du village par le Monte Oppido, colline arrondie culminant à 495 mètres. Le village actuel est légèrement en retrait sur un col, à 400 mètres d’altitude, à environ 7 kilomètres à vol d’oiseau de la côte tyrrhénienne. À l’air pur, sans hivers rigoureux, le village est largement ouvert sur la plaine littorale, la vallée de l’Alesani, et les premières montagnes de la Castagniccia.
Le Picchio coule d’ouest en est au sud du village, dans un vallon bien abrité et propice aux cultures et à l’élevage. C’est par ce vallon que passe la seule route reliant le village à la plaine. Ruisseau capable de devenir torrentiel lors des crues d’automne ou de printemps, mais à sec l’été, le Picchio fut un des derniers cours d’eau à abriter des tortues d’eau douce au niveau de son confluent avec l’Alesani au pont de l’Onéo.
Toute la partie orientale de la commune, soit plus de la moitié de sa surface, est située dans les basses collines proches du littoral, entre 100 et 200 mètres d’altitude. L’activité agricole s’y est développée et l’habitat y est dispersé, avec cependant quelques petits hameaux (Casani, Costa Dura,…).
La vallée de l’Alesani, dont seule la rive droite fait partie de Chiatra, est ici sauvage, et son fond est inondé par la retenue du barrage d’Alesani, situé à la limite nord de la commune. Aucun franchissement de la rivière n’existe sur 10 kilomètres en amont du barrage.
Chiatra se trouve dans la pieve de Verde, entouré par Canale-di-Verde, Pietra-di-Verde, Sant’Andréa-di-Cotone et San-Giuliano. Chiatra est à environ une heure de voiture de Bastia, la préfecture. Pour joindre Corte, sous-préfecture dont la commune relève, il faut soit descendre jusqu’à Aléria pour emprunter la route nationale 200, soit traverser tout le sud du massif par des routes au profil difficile (bocca di San Gavino, Moïta, etc.), soit plus d’une heure quel que soit l’itinéraire.
C’est dans la vallée du Picchio et plus précisément à San Cervone (ou Scervone) que les premiers habitants se sont sédentarisés. Puis ils ont quitté cet endroit trop vulnérable pour s’établir sur la crête, encouragés par l’existence de plusieurs sources aux abords du village (fontana Vecchia, di Vitti, u Salge).
Les chiatrais ont édifié, au début du XVe siècle, des « torre » pour résister aux assaillants. Les autres maisons, de taille plus modeste, sont venues s’agglomérer contre ces points stratégiques. Les hautes façades de ses maisons de pierre et les trois tours génoises du début du XVIe siècle, encore en bon état, l’église paroissiale actuelle de l’Annonciade ainsi que trois chapelles sont l’héritage d’une histoire riche en rebondissements. Chiatra s’est toujours opposé aux Génois. En 1511, lorsque Renuccio Della Rocca fut défait, il fut pillé et brûlé. Rangé derrière la bannière de Sampiero Corso, il connut la même tragédie en 1564.
Mieux protégés des attaques et des invasions éventuelles des barbaresques, les Chiatrais se sont établis définitivement et ont organisé leur vie économique. Près du torrent de l’Alésani, aux XVIe et XVIIe siècles, ils travaillaient le fer (lieu-dit a Ferrera) grâce au minerai importé de l’île d’Elbe. Les incendies ont ravagé les vignes des coteaux, la châtaigneraie, l’oliveraie et les nombreux potagers. Mais les ruines des maisonnettes de vignes, les moulins à huile, les séchoirs à châtaignes et les vieilles clôtures des jardins témoignent de cette activité agricole intense, qui leur permettait de vivre quasiment en autarcie. Ils semaient le blé jusqu’à Bravone, et les troupeaux fournissaient lait, fromage et viande. Ils avaient la pierre abondante, ainsi que le bois (châtaignier, chênes, chênes-lièges, chênes verts, aulnes, etc.).aEn 1880, Chiatra était peuplé de 444 habitants, au début du XXe siècle il en comptait 507. À cette époque on pouvait encore remarquer la ferme fortifiée de Giustiniana et la tour de Caseli. Après la guerre de 1939-1945, sa population a fortement décru, pour ne compter que 163 habitants. En ce début de XXIe siècle, grâce en particulier à sa plaine, la population augmente et semble se stabiliser autour de 190 habitants, pour passer le cap des 500 en été.
Éléments recueillis sur le site web de la commune de Chiatra