CLIN D’ŒIL A DANIELLE MAOUDJ
En ces temps d’incertitudes ou tout n’est que tempêtes et fracas,il est bon de se poser.Prendre le temps de lire,déguster un auteur,vous proposer de faire sa connaissance.
Danièle Maoudj est un poète et essayiste, enseignante à l’Université de Corse, corse par sa mère, Kabyle par son père…. En rentrant en Corse, j’ai cru surplomber en plus de la mémoire, la mémoire du futur, qui seule permet de retrouver les nuits claires de la lune. En retrouvant l’eau bleue qui ourle les récifs colorés de mauve, j’ai cru retrouver l’intelligence intuitive d’une mère qui a osé par amour, abolir les démarcations. Une mère qui a eu l’audace du plaisir. J’ai cru que ma Corse était à l’image de cette montagne où la lumière cruelle fixe et aveugle les êtres défaillants. J’ai cru que ma Corse rejoignait cette nature indomptable pour s’engloutir dans le vide des brumes et rejoindre l’incertitude des confins…
…Aujourd’hui, je vis toujours en Corse, je continue de sculpter les mots de la langue française comme des corps que je me suis si longtemps interdits de caresser parce que j’assimilais les individus au pouvoir de l’Etat…
Rives en chamade de Danièle Maoudj
…Les improvisations chantées par deux femmes, sa mère et sa tante corses, mêlées aux contes racontés dans la langue de Villon par son père kabyle ont donné à Danièle Maoudj les mots de demain. Bercée par la poésie de la Méditerranée, l’ auteure a su porter des imaginaires venus de ses deux cultures orales interdites. Aujourd’hui Danièle Maoudj libère ces voix venues de loin dans une langue d’amour et nous invite à entendre des mémoires inconsolées. La poésie est venue à elle, une poésie à fleurs de mots et qui tend sa braise à tous les souffles de l’humain. Une poésie dont la dignité émue pose la question essentielle de la fraternité au nom de toutes les confluences de la Méditerranée et de tous les ailleurs. Quand la mer des civilisations se fait poète, il faut tendre l’oreille !