Vico
Vicu
Vico est un gros bourg plein de caractère, s’étendant sur une pente boisée. Son architecture est formée de superbes maisons de pierres, avec inscriptions sur façade, reliées entre elles par des montées en escaliers. On y voit également de très beaux linteaux. Au cœur du village se trouve une belle place ombragée sur laquelle on peut observer une statue en bronze de Mgr Casanelli d'Istria, qui prêcha l’abandon de la vendetta en Corse au XIXème siècle. Le village est situé sur un territoire montagnard s’étendant jusqu'au golfe de Sagone, où se trouve sa fenêtre littorale : Sagone, station balnéaire et résidentielle étagée en terrasses au-dessus de la mer à proximité d’une tour génoise et d’un fort ruiné. Vico offre ainsi de nombreuses activités touristiques et de loisirs.
Les vallées du Liamone et de la rivière de Sagone sont propices à de nombreuses ballades car riches en lieux pittoresques ou historiques. On pourra s’attarder sur la pointe de Puntiglione et sur tout le golfe de Sagone. Vico partage avec Guagno-les-Bains, bourg proche, un passé de ville d’eaux comme en témoignent les sources thermales de Caldanelle, aujourd’hui abandonnées, et les ruines des thermes. D’autres vestiges antiques remarquables se trouvent dans la région, telle la statue menhir d'Apricciani (dite Sagone I), ou la statue menhir dite Sagone II, en réemploi dans un mur de l'ancienne cathédrale. On peut aussi noter la présence de sépultures romaines. C’est Mérimée qui découvrit la statue d’Apricciani, conservée aujourd’hui au village. Il rapporte que cette statue serait une idole maure. En fait, il s’agirait probablement d’un mégalithe semblable à ceux que l’on trouve près des tombes. Sa forme, qui évoque très nettement le visage et le buste d’une femme, donna lieu dans la région à une légende. Le menhir était autrefois une jeune fille, qui préférait aller cueillir des fleurs au lieu d’aller laver le linge, comme sa mère lui avait demandé. Lassée de la frivolité de sa fille, la mère l’aurait maudite en ces termes : «que tu sèches éternellement, avec ton linge», pétrifiant la pauvre jeune fille sur place.
Vico est la capitale de la région du Cruzini et a vécu une histoire riche en événements et personnages. Fief de l'illustre famille Leca, la région fut souvent aussi le repaire de bandits célèbres (dont Théodore Poli au XIXème siècle). Vico fut également la patrie de François Vico, conseiller du roi d'Aragon, du chirurgien Jean Vico, et de Bonaventure Colonna di Leca, résident colonial. Son passé remonte à l’ancienne ville romaine de Sagone. Elle a été aussi siège d'évêché du IVème au XVIème siècle, et sa piève comptait onze paroisses. On ignore le nombre d’habitants qui vivaient à Sagone, puisque l’ancienne ville a été ravagée par les raids barbaresques et la malaria. De ce passé découle sans doute sa richesse en termes d’architecture et œuvres d’arts sacrées. Le siège de l’évêché fut transféré à Vico en 1572, puis à Calvi en 1625.
On peut ainsi évoquer l’église paroissiale Sainte-Marie, datant du XIXème siècle avec sa façade néoclassique, construite sur l'emplacement d'une chapelle romane. Il y a également le couvent Saint-François datant de 1481, agrandi aux XVIIème et XIXème siècles et toujours en activité ; on y trouve un exceptionnel Christ en bois antérieur au XVème siècle et qui serait le plus ancien de Corse mais aussi un tabernacle en marbre daté du XVIIème siècle. Dominant la vallée du Liamone, il aurait été fondé par Gian Paolo DE LECA en 1481 pour remercier les villageois, qui l’avaient caché alors qu’il était poursuivi par ses ennemis génois. On raconte que ces derniers auraient trouvé, dans le couvent, le trésor de guerre des Leca, qui représentait quelques milliers de ducats. C’est également au couvent que le père Albini prêcha, au XIXème siècle, l’abandon de la vendetta en Corse. Il reprit les thèses de Mgr. CASANELLI D’ISTRIA, natif de Vico, qui lui aussi s’illustra dans cette cause. On raconte que le père Albini, grâce à son éloquence hors pair, parvint à des réconcilations que certains qualifièrent de miraculeuses.
On remarque aussi de nombreuses chapelles à Chiggliani, à Nesa, à Apricciani, et au col Saint-Antoine, sans compter les nombreux tombeaux familiaux. A Sagone, le voyageur peut visiter les ruines de l'ancienne cathédrale Sant’Appianu, de style roman, ainsi qu’un splendide baptistère cruciforme à cuve octogonale à proximité. Une ville de relative importance se trouvait là au début de l’ère chrétienne. En effet, à proximité de l’ancienne cathédrale, on a retrouvé les ruines d’une basilique paléochrétienne, datée du Vème siècle. La basilique est consacrée à Saint Appien, qui vécu à la même époque, et dont le culte en Corse fut importé par les évêques africains qui fuyaient les invasions vandales.
Fête patronale : 15 août.
Fête du couvent Saint-François, procession à la grotte : 2 août.